Le Charançon de l’agave (Scyphophorus acupunctatus) est originaire des régions arides d’Amérique centrale. Il a été introduit en Europe par l’Italie et les Pays-Bas et a fait son apparition dès 2007 dans certains jardins du sud-est de la France. Il profite de la commercialisation des plantes ornementales pour se répandre en Europe. On le retrouve aussi en Espagne et au Portugal.
Quels sont des dégâts causés par cet insecte
Cet insecte pond ses oeufs sur les Agavacées et ses larves se développent dans les tissus des plantes provoquant quasi systématiquement leur mort. Il existe une association entre le charançon et des microorganismes – notamment bactéries du genre Erwinia – qui provoquent la putréfaction des tissus de la plante. Les larves du charançon s’alimentent des tissus en décomposition. Les adultes s’alimentent aussi sur les plantes. Leur long rostre permet de passer au travers de la cuticule des feuilles et de ponctionner les tissus pour se nourrir des exsudats.
Dans le milieu naturel, les charançons de l’agave s’attaquent en priorité aux agaves au moment de la floraison. Ils ont un rôle écologique important en précipitant la destruction des plantes sénescentes. Mais dans des conditions de culture comme dans nos jardins les charançons s’attaquent à des sujets de pratiquement tous les stades de développement. Seules les plantules semblent indemnes. Mais dès qu’une plante est assez charnue, elle peut être infectée et détruite.
Le charançon de l’agave est un sérieux problème pour les amateurs de plantes exotiques et en particulier pour ceux qui s’intéressent aux agavacées et familles proches.
Le charançon de l’agave mesure 1,5 cm et est de couleur noir. S’il est de taille et de morphologie comparables, il ne faut pas le confondre avec le charançon rouge du palmier. Sa couleur de son corps est totalement noire.
Contrairement au charançon rouge du palmier, le charançon de l’agave se déplace principalement en marchant. Contrairement à ce que l’on peut lire ou entendre dire, le charançon de l’agave est capable de voler. Mais sa dispersion se fait sur de courtes distances.
Quelles sont les plantes touchées ?
Le charançon de l’agave touche bien entendu les agaves et a une prédilection pour les grandes espèces comme Agave americana. Les espèces compactes aux feuilles bleutées comme Agave parryi sont plus rarement atteintes. De même que les espèces comme Agave attenuata et Agave victoriae-reginae
Les espèces du genre Beschorneria sont particulièrement sensibles aux attaques du charançon de l’agave. Même conclusion pour le genre Furcreae. D’ailleurs Furcraea bedinghausii semble jouer le rôle d’aimant à charançon. Si vous souhaitez savoir si ces coleoptères sont présents dans votre jardin, inspectez l’intérieur de la couronne des feuilles chez cette plantes. Si ce ravageur est présent, vous y trouverez sans doute des adultes. Toutes les plantes de ces deux genres ont été détruites en quelques années au Jardin zoologique tropical à La Londe-les-Maures (Var).
Ce charançon s’attaque aussi à plusieurs espèces du genre Yucca. Les sujets de Y. aloifolia et Y. recurvifolia sont en raréfaction dans les jardins méditerranéens à cause du charançon de l’agave. Yucca carnerosana, Yucca filifera et Yucca faxoniana peuvent être détruit par une attaque de ce ravageur. On retrouve aussi des adultes dans les couronnes des feuilles de Yucca linearifolia. Mais chez cette espèce, les dégâts sont heureusement beaucoup plus rares. Chez Yucca elephantipes, nous avons observé que les plantes touchées pouvaient survivre plusieurs années. Et nous pensons avoir introduit le parasite en ayant fait l’acquisition de plants de Y. elephantipes produits en Italie et vendus par une pépinière de Hyères-les-Palmiers.
Nous avons constaté pour la première fois en 2020, la destruction de Nolina longifolia et de Dasylirion longissimum. Le dragonnier des Îles Canaries (Dracaena draco) peut aussi être touché par le charançon de l’agave. Cet insecte peut donc toucher de nombreuses monocotylèdones succulentes.
Comment lutter contre le charançon de l’agave ?
Il est très compliqué de lutter contre des insectes qui se trouvent à l’intérieur d’une plante. Ils se trouvent hors de portée d’une action directe des insecticides ou d’autres méthodes de lutte. Il faut donc utiliser les insecticides systémiques, dont l’usage est souvent réglementé et qui sont particulièrement dangereux pour l’environnement.
Lorsqu’une plante est infecté par les larves, il est généralement trop tard pour sauver celle-ci. Très souvent les signes de l’affaiblissement de la plantes apparaissent alors que l’infestation est déjà très avancées. Les plantes doivent donc être traitées préventivement et régulièrement. Cette astreinte découragent la plupart des jardiniers. Dans notre cas, nous avons préféré pour de nombreuses raisons de limiter la pulvérisation des pesticides.
Nous n’avons pas d’expérience avec les produits biologiques à base de nématodes. Il semblerait que ces préparations utilisées sur le charançon rouge du palmier soient aussi efficace sur le charançon de l’agave. D’autres informations appuient la pose de pièges qui attirent et capturent les adultes au moyen de phéromones.
Les pièges à phéromones pour charançons rouges du palmier montrent une bonne efficacité pour capturer les insectes pondeurs. Ils doivent être placés à côté des plantes à protéger.
Pour lutter contre le charançon de l’agave nous avons décidé de :
- Diversifier les plantations en associant des plantes de familles différentes dans une même zone
- De ne pas introduire d’espèces trop sensibles
- De privilégier la multiplication maison et d’éviter l’acquisition de sujets de grande taille
La diversification des plantations à pour but d’éviter une prolifération maximale du ravageur dans le jardin. Mais aussi de garder un aspect esthétique du jardin en cas d’infestation et de perte de plantes d’un même genre ou d’une même famille. On introduira au côté des Agavacées, d’autres succulentes comme les cactées et des Aloès. Mais aussi des arbustes des régions arides dont de nombreuses espèces sont particulièrement ornementales.
Le choix des espèces par rapport à leur degré de sensibilité est aussi une habitude à prendre si l’on veut conserver un jardin esthétique, sans avoir à employer des traitements phytosanitaires polluants et dangereux pour la santé. Car une plante détruite, par les larves de charançons, va émettre des centaines d’adultes.
Il est aussi important d’arracher les plantes malades et de les mettre en décharge dès que l’on constate une infestation.
La détection précoce de l’infestation laisse une possibilité d’appliquer un traitement adapté. Mais la nature cryptique des larves rend souvent impossible ce dépistage. L’entreprise Bioassays a développé un appareil qui détecte les vibrations produites par les larves qui s’alimentent dans la plante. Il a été conçu pour la surveillance des palmiers, plantes menacées par le charançon rouge du palmier et le papillon palmivore. Ce détecteur sismique a été expérimenté en 2019 sur les agaves.
Pour en savoir davantage sur Scyphophorus acupunctatus
La fiche du Fredon Occitanie apporte et synthétise les informations sur le charançon noir de l’agave.
Le site de la société Bioassays présente le fonctionnement de son détecteur sismique, le Rhynchotrack ©, sur cette page.