Les nolines ont tout pour plaire !

Il existe trois raisons principales d’acquérir une plante succulente comme une noline. La première est de planter un végétal qui se contente de peu d’eau. Les jardins secs ne sont pas seulement une mode, mais souvent il s’agit d’un choix économique. La seconde raison est de constituer une collection de xérophytes rares. Et la dernière motivation est d’apprécier une belle vivace au feuillage exotique et persistant.

Si vous souhaitez faire l’acquisition d’une noline et vous informer au préalable de ses besoins (qui restent rudimentaires je vous rassure), vous êtes sur la bonne page. Cet article fait une présentation des espèces les plus “fréquentes” dans le commerce, ainsi que des conditions de culture à adopter. Mais des espèces plus rares sont aussi détaillées.

Le genre Nolina dans la nature

Le genre Nolina n’appartient pas à la famille des cactus, mais à la famille des Asparagacées. Les nolines sont proches des yuccas, des agaves et des dasylirions. Les botanistes ont décrits 28 espèces de nolines, toutes originaires du continent américain. On retrouve ces plantes aux Etats-Unis et principalement dans les états de l’ouest, au Mexique et à Belize. Elles sont généralement inféodées aux zones arides, mais quelques espèces prospèrent sur les prairies et dans les sous-bois des forêts sèches.

Les nolines sont des végétaux adaptés au manque d’eau. Leur aspect rapproche ces plantes des yuccas et des agaves. Mais leurs feuilles ne sont pas crassulescentes et elles ne se terminent pas par un aiguillon aiguisé. Ce dernier point est un avantage pour les jardiniers et leur entourage. Car il faut reconnaître que l’acquisition de certaines succulentes n’est pas sans risque.

Contrairement aux agaves, ces plantes sont capables de fleurir plusieurs fois durant leur vie. Détail amusant, un sujet porte soit des fleurs mâles, soit des fleurs femelles. On dit que ces plantes sont dioïques. Vous aurez donc besoin de plantes des sexes opposés pour obtenir des graines. Mais il est impossible de faire la différence entre les plants mâles et femelles en dehors de la floraison. Celle-ci est intéressante, assez jolie et toujours appréciée par les abeilles butineuses. Elle se produit à la fin du printemps ou en tout début d’été.

Nous allons présenter les espèces que l’on rencontre le plus fréquemment en culture. Nous verrons dans notre exposé, une distinction arbitraire entre les espèces qui produisent un stipe érigé (terme qui désigne le “tronc” des monocotylédones), les nolines caulescentes, et celles qui n’en produisent pas, les nolines acaules.

Les description ne sont en rien botanique et l’unique but est de partager des informations pour encourager les jardiniers collectionneur à faire une place à une noline sur leur rocaille.

Les nolines acaules

Nolina microcarpa

Noline microcarpa est originaire d’Arizona et du Nouveau-Mexique. L’extrémité de ses feuilles s’effiloche et donne à la plante un port original. Durant les mois de mai et de juin, ses hampes florales portent des fleurs qui attirent une multitude d’insectes. Voir la fiche de cette espèce.

Nolina microcarpa (la plante de gauche porte des graines, des plantes mâles sur la droite n’en portent pas)

Nolina texana

Comme son nom l’indique, cette plante est originaire de l’état du Texas. Elle ne produit pas de stipe, mais rejette abondamment pour former un buisson bas et dense. La densité des feuilles stoppe le développement des adventices et le désherbage à sa base est limité. Son aspect est très intéressant et sa résistance au froid réputée très bonne. Voir la fiche de Nolina texana.

Nolina texana
Nolina texana

Nolina greenei

Cette noline de petite taille est sans doute l’une des plus résistantes au froid. On la retrouve dans les états du Colorado, du Texas et de l’Oklahoma. Son aspect lui donne des airs de graminées. De petite envergure, elle trouvera facilement une place entre deux rochers d’une rocaille. Voir la fiche de Nolina greenei.

Nolina erumpens

Cette noline est rare en culture. Elle est originaire du Texas, du Nouveau-Mexique et des régions frontalières du Mexique. Sa rusticité est bonne, mais sa croissance semble assez lente d’après le comportement de l’unique spécimen que nous cultivons chez nous. Consultez la page de Nolina erumpens.

Nolina interrata

Cette espèce se rencontre dans la région de San Diego en Californie et à l’extrême nord de la Basse-Californie mexicaine. Elle est rare dans la nature et fait l’objet d’une protection sur le commerce international des plantes (CITES). Elle est donc difficile à obtenir et ainsi très rarement cultivées. Consultez la fiche de Nolina interrata.

Nolina interrata

Les nolines caulescentes

Nolina longifolia

Il s’agit probablement de l’espèce la plus communément cultivée dans le sud-est de la France. Des sujets de plus d’un siècle sont présents dans d’anciens jardins du Var et des Alpes-Maritimes. On peut en admirer de remarquables au Domaine du Rayol. Les plantes produisent avec l’âge des sujets ramifiés possédant plusieurs couronnes de feuilles. Le stipe de Nolina longifolia est couvert d’une sorte de liège. Mais il faut de nombreuses années et la coupe des feuilles séchées – qui forme un manteau autour du stipe – pour pouvoir profiter de ce détail. Consultez la fiche de Nolina longifolia.

Nolina matapensis

Cette plante porte généralement une unique couronne de longues feuilles dont la teinte est bleutée. D’aspect massif, il faut offrir à chaque plante un espace suffisant. Trois mètres de large sans d’autres grands sujets est un minimum. La pousse n’est pas rapide, mais nous avons obtenu en une quinzaine d’années – au Jardin zoologique tropical – des plantes dont les stipes mesurent un mètre et demi. Voir la page de Nolina matapensis.

Nolina nelsonii

Cette espèce est l’une des plus décoratives du genre. Elle forme des sujets à une seule couronne de feuilles bleutées. Il convient de lui laisser au moins un mètre de part et d’autre pour qu’elle profite de suffisamment de place. Cette espèce a un bon comportement dans des régions humides à condition d’être plantée sur un sol bien drainant. Consultez la fiche de Nolina nelsonii.

Nolina nelsonii
Nolina nelsonii

Nolina hibernica

Anciennement commercialisée par les importateurs sous le nom de Nolina “La Siberica”, cette plante récemment décrite par les botanistes n’est pas originaire de Sibérie, mais des régions d’altitude du Mexique. Si les feuilles des nolines sont généralement coupantes, celles de Nolina hibernica sont de véritables lames de rasoir. Voir la page de cette espèce.

Nolina hibernica

Nolina parviflora

Originaire de l’état de Vera Cruz au Mexique, Nolina parviflora pousse au delà de 2000 mètres d’altitude. Sa résistance au froid semble suffisante pour la tester en région méditerranéenne et sur la façade atlantique. Et au delà si le jardinier est prêt à prendre des risques. Les plantes forment avec l’âge des sujets ramifiés de plusieurs mètres de hauteur. Consultez la fiche de Nolina parviflora.

Nolina parviflora

Le genre Beaucarnea

Si par le passé il était parfois classé avec les nolines, le genre Beaucarnea est maintenant considéré par les botanistes comme distinct. L’espèce la plus connue est Beaucarnea recurvata que l’on nomme aussi “pied d’éléphant”. Ce nom évoque l’apparence de sa base renflée – son caudex – qui peut être de taille importante.

Contrairement aux nolines, un pied d’éléphant se cultive très bien en pot comme plante d’intérieur. Les “pieds d’éléphant” sont rustiques seulement dans les régions aux hivers doux. Par exemple le Jardin exotique de Monaco en présente de remarquables sujets. Les dégâts apparaissent au delà de – 5 °C.

Les nolines dans les jardins

Les nolines ne feront pas de vous un bon jardinier. En effet, ces plantes sont très faciles à cultiver et se débrouillent pour aussi dire seules. La phase critique dure quelque mois après la plantation de très jeunes sujets. Il faudra alors penser à arroser durant le premier été et à arracher les “mauvaises herbes”. Puis après cela une noline se débrouille seule. Nous allons toutefois apporter un peu plus de contenu à cette rubrique.

Exposition et culture

Comme pour de nombreuses autres plantes xérophytes, la clé du succès tient sur le choix d’une exposition ensoleillée et d’un sol perméable, c’est-à-dire qui ne retient pas l’eau. 

Les nolines – plantes de régions désertiques – supportent sans problème les expositions très ensoleillées, même dans le midi de la France. Mais elles n’apprécient pas les situations ombragées. Vous devez donc retenir un endroit au plein soleil et y créer si possible une rocaille.

Comme nous venons de le signaler, le substrat doit être très drainant, c’est-à-dire qu’il doit laisser l’eau s’infiltrer. Les terrains argileux ne conviennent pas en l’état et il faudra alors constituer des buttes et des rocailles pour offrir un emplacement convenable pour la plante. Le sol peut être calcaire ou acide. Cela semble ne pas avoir d’impact conséquent sur son développement. A la plantation, il est possible d’ajouter un peu de terreau bien décomposé. Mais on peut aussi s’en passer si votre terre de jardin est de bonne qualité. Car les racines iront très vite chercher les nutriments dont la plante à besoin.

Le système racinaire des nolines se développe rapidement. Mais les plantes rencontrent des difficultées après une transplantation. Il est donc risqué d’acheter des sujets issus d’arrachage. Ces plantes importées meurent pour la plupart après quelques mois ou quelques années de culture. Il est préférable de débuter avec des plantes en pot de deux ou trois ans après le semis. Il est aussi risqué de déplacer un spécimen déjà implanté. Choisissez bien l’endroit de plantation, car après quelques mois il sera trop tard pour changer votre noline de place.

Il ne faut pas être découragé de l’aspect frêle des nolines cultivées en pot. Après une année ou deux de pleine terre, ces plantes sont méconnaissables. Il est aussi envisageable de vous procurer des graines et de faire des semis. La levée est rapide si les graines sont semées au mois de mai ou juin. C’est un moyen économique de vous constituer une collection. Et c’est souvent l’unique possibilité de vous procurer des espèces, des variétés ou des localités rares.

Les nolines ont peu de parasites en culture. Toutefois l’un d’eux, le charançon de l’agave peut poser des problèmes. Cet insecte introduit depuis le Mexique et le sud-ouest des Etats-Unis, s’est parfaitement acclimaté sur la Côte d’Azur et progresse aussi dans d’autres régions de France. Les charançons pondent leurs oeufs sur les agaves, yuccas et parfois sur les nolines. Les larves se nourrissent dans le stipe. L’infestation passe inaperçue à ses débuts, mais généralement elle se termine par la destruction de la plante. L’emploi des insecticides est hasardeux. Même les molécules systémiques sont assez peu efficace contre le charançon. 

Les deux mesures à prendre pour limiter la population des charançons de l’agave sont primo d’éviter de cultiver des plantes sensibles. Pour les nolines, l’espèce la plus sensible semble être Nolina longifolia. L’autre mesure est d’introduire beaucoup de diversité dans son jardin et de disperser les plantes d’une même famille en différents endroits. On rend ainsi la progression des parasites plus lente. Bien entendu, il faut éviter d’acquérir de grands sujets d’agaves et de yuccas. Acquérir des plantules ou des graines est moins risqué.

L’entretien des nolines se limite au strict minimum. Il peut être nécessaire d’arroser en été une fois par semaine les jeunes plantes qui ne sont pas encore établies. Mais il est également possible de laisser une plante implanté depuis plus d’une année sans arrosage, car une noline bien racinée ne craint pas la sécheresse. La “taille” se limite à couper les hampes florales desséchées. Et éventuellement à sectionner les feuilles sèches qui restent fixées sur le stipe et forme un “manteau” ou “jupe”. Certaines jardiniers préfèrent l’aspect sauvage des plantes non taillées. C’est une question de goût et seul vous avez la réponse.

Dans des conditions normales – et si votre terre de jardin contient des éléments organiques – il n’est pas nécessaire d’apporter de l’engrais. Si vous souhaitez booster la croissance de vos plantes succulentes faites le en apportant un engrais à libération lente et en faible quantité. Un engrais comme de la corne torréfiée est bien adapté.

Rusticité sous les climats tempérés

Les nolines sont des végétaux adaptables, dont certains sont suffisamment résistants au froid pour être cultivés en extérieur (sur le long terme) dans les jardins du nord et de l’est de la France.

Les nolines les plus robustes sont celles qui ne produisent pas de stipe. Ainsi le bourgeon terminal des espèces acaules reste en dessous du niveau du sol et bénéficie naturellement d’une meilleure protection contre le gel. Ces plantes survivront sans problème à des températures de – 15 °C à – 20 °C.

Les espèces qui produisent un stipe sont pour la plupart moins rustiques et n’atteignent un grand âge que dans les zones aux hivers doux. On pense bien entendu un littoral méditerranéen, mais aussi à la façade atlantique. Ces nolines pourront résister à des gels entre -5 °C et -10 °C. Certaines espèces ont tenue à des températures inférieures, mais il est important de prendre en compte les conditions de culture (exposition, humidité du sol, durée de l’épisode froid, âge de la plante, …).

En hiver et si vous avez choisi une espèce rustique pour votre climat, il n’est pas nécessaire de protéger contre les gelées. Si vous choisissez toutefois d’ajouter une protection, un voile d’hivernage permet de gagner quelques degrés et parfois de limiter les dégâts.